Outre les traditionnels travaux, qui réunissent chaque automne une cohorte de braves motivés à entretenir le chalet du club, cette année nous a donné l’opportunité de suivre la préparation d’un abattage un peu particulier. A l’entrée de notre petite forêt, sur la gauche, le premier sapin est totalement sec et doit être abattu prochainement pour des raisons de sécurité. Il s’agit d’un grand arbre, d’une trentaine de mètres. On a vu Karali le mesurer, en triangulant à distance à l’aide de deux baguettes de bois.

T’es-tu déjà demandé quelle était la taille d’un arbre et comment faire pour le mesurer sans pour autant grimper à sa cime ? Il existe une technique qui nécessite seulement deux petits bâtons droits. Karali s’est placé à une distance respectable de l’arbre. Il a positionné la première baguette horizontalement devant son œil et la deuxième baguette perpendiculaire à la première. Il a ensuite avancé ou reculé, tout en faisant coulisser la baguette verticale de manière à faire coïncider le pied de l’arbre, le bas de la baguette verticale et son œil sur une même ligne (cB) et la cime de l’arbre, le haut de la baguette verticale et son œil sur une même ligne (cA). Lorsque les deux extrémités de l’arbre correspondent aux extrémités de la baguette verticale, la hauteur de l’arbre (AB) est alors égale à la distance BC. CQFD

Cette technique serait basée sur le théorème de Thales, ce qui nous ramène pour certains à des souvenirs lointains et peut-être même douloureux. Le théorème de Thalès est un principe de géométrie qui affirme que, dans un plan, une droite parallèle à l’un des côtés d’un triangle sectionne ce dernier en un triangle semblable. Selon la légende Thalès aurait calculé la hauteur d’une pyramide en mesurant la longueur de son ombre au sol et la longueur de l’ombre d’un bâton de hauteur donnée (source Wikipedia). Si cette affirmation est basée sur une légende, la nôtre se base sur l’observation et on pourrait raisonnablement penser que Thales s’est basé sur la pratique forestière de Karali pour déterminer sa théorie. Dans une logique d’éthique scientifique, une confrontation directe entre Thales et Karali serait vraisemblablement très enrichissante.

L’autre particularité de cette journée aura été la préparation de l’abattage dudit sapin par Gérald. Cet arbre est hérissé de branches horizontales sèches, plus ou moins longues, qui ne manqueraient pas de se s’accrocher dans les arbres voisins pendant sa chute. De plus, le long tronc est courbe, avec un penchant marqué à choisir lui-même le côté de sa descente. En outre, dans la trajectoire probable, d’autres arbres et branches d’importances occupent l’espace. Aussi, Gérald s’est attelé à la difficile tâche d’ébrancher ça et là, massivement et en hauteur, à l’image d’un écureuil maniant une tronçonneuse. De la haute voltige, sans paillettes ni tutu. Finalement, personne n’aura démérité. Le chalet est paré pour l’hiver, briqué comme un sous neuf. Les bûchers sont tant chargés, qu’on est bien obligé de croire que l’hiver sera rude, très rude. A bonnes noisettes, mauvais hiver; s’il y a des noix, l’hiver est froid.

Qu’on se le dise et joyeux Noël !

Michel

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