Un premier samedi de mars.

Un temps rêvé, des paysages majestueux tout embaumés de silence…
Qu’elle fut belle cette montée au col des Martinets, commencée de bon matin, cheminant d’abord le long d’une route forestière bordée de sapins aux branchages enneigés, et débouchant sur le long plat du Vallon de Nant d’où, soudain, le col des Martinets se dessinait au loin, plus haut, au fond de la vallée. Le jardin alpin était encore recouvert d’un épais tapis de neige d’où s’extrayaient quelques rares arbrisseaux.
Qu’elles furent belles, et philosophiques aussi, nos conversations, à mesure que nous progressions tout en douceur entre ces longues roches verticales, petits dialogues de nos quotidiens qui s’interrompirent brusquement lorsque la première vraie pente nous tira vers le haut…
Qu’elle fut abrupte cette première partie alpine, à peine tracée, un peu glissante, avant que nous ne contournions la première longue barre rocheuse. Et puis, profitant d’un léger répit ensoleillé, qu’elle fut divine cette surprise, un chamois solitaire venant de nulle part qui traversa la pente intacte avec une énergie folle, avant de remonter dans l’ombre, la seconde verticale, puis la dernière transversale.
Sous la petite Dent de Morcles et la pointe des Martinets, vue plongeante sur la Vallée du Rhône, vue horizontale vers les Dents du Midi, le Mont-Blanc au loin, le Grand-Muveran de dos, et soudain la brume d’en bas nous dit que nous avions touché un peu de ce bonheur d’exister quelque part, là haut, au soleil, loin de tout, juste effleuré par la vol d’un choucas… Puis, en quelques coups de carre, deux trois pentes poudreuses encore vierges, un couloir d’où était descendue une première coulée, quelques virages entre des pousses de sapin, la longue ligne presque droite pour rejoindre le Pont de Nant, puis la forêt, le bruissement du ruisseau.
Un temps rêvé…
Une belle évasion, volée au quotidien.
Michel, Laurent, Corinne, Bruno
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