Mise en oeuvre des moyens mécaniques La neige de mai eat fidèle au rendez-vous La fontaine provisoireLa fontaine est fonctionnelle Les artisans de cette réalisation

La surprise était de taille. Dans une belle lumière crépusculaire du soir, entourée des millions de flocons blancs parfumés des narcisses pleinement éclos, une magnifique fontaine occupait l’espace. Plus encore, le toit du chalet se trouvait bordé d’une ligne de mélèze rose clair, comme un trait de eyeliner souligne les yeux d’une belle; de nouvelles chenaux avaient été posées, relevant sa forme simple et pure. Ainsi le chalet se trouve comme mis à neuf et paré pour son prochain siècle d’existence qu’on lui souhaite sereine et vivante.

L’histoire est cependant moins simple qu’il n’y paraît, lorsque joyeux, on célèbre l’évènement avec un verre de Dézaley dans la main. Des travaux importants, identifiés par les membres de la commission du chalet, s’avéraient nécessaires, et pas des moindres, au point de donner quelques cheveux blancs à certains, en particulier à notre trésorière en charge. L’ancienne fontaine, taillée par Karali dans un tronc d’épicéa de la forêt du chalet, avait résisté 12 ans aux intempéries et aux ravages de l’eau et du gel. Elle suintait depuis quelques années déjà par ses pores et fissures pourrissantes. A sa base, le raccord de la tuyauterie de la borne à goulot bougeait et fuyait, étant probablement en partie rongé par la rouille mais restait cependant bloqué dans sa contre-pièce. A l’autre bout du terrain aussi, dans le regard du réseau d’eau, la vanne principale venait d’être changée par le Service des Eaux de Montreux en raison d’un débit irrégulier, dérivant à faire jaillir l’eau jusque sur le rebord du bassin. Cette vanne d’alimentation changée, le remplacement de la conduite d’amenée et de la chèvre pouvait alors être entrepris.

Profitant d’un weekend de beau temps, sous la conduite experte de Jacques, un tube fut poussé d’une fouille d’un côté du chalet, à un mètre soixante de profondeur pour rester hors gel en toute circonstance, pour ressortir de l’autre côté, juste à l’arrière de la fontaine. Une opération plus vite décrite que faite, bien que de l’avis des exécutants ce fut plus rapide que prévu et en quelques heures la tête du pousse-tube émergeait à quelques centimètres du point prévu. A n’en pas douter, si Jacques et son équipe s’était attelés à creuser le Gothard, ils auraient rallié Airolo en quelques mois seulement. Ayons cependant l’humilité de garder ça pour nous et de ne pas gâcher le plaisir de Doris Leuthard et d’Adolf Oggi, tellement fiers de leur réalisation transalpine. Quelques jours plus tard, l’installation de la fontaine se réalisait come un papillon se pose sur une fleur, tout en douceur et précision. La camionnette de Jacques étant équipée d’une petite grue, la fontaine fut déposée  sans difficulté sur ses deux supports et immédiatement mise en eau.

Ce premier weekend de juin, on découvre ainsi une fontaine qui semble toujours avoir été là, avec son pot de géranium sur la borne à goulot et les bouteilles qui rafraichissent dans le bassin.  Un moment, dans cette atmosphère chaleureuse, et avant que Christian n’annonce la suite du programme des travaux d’entretien, on se serait juste cru venir participer à une inauguration.

Maintenant, avec les bûchers remplis et le chalet « poutzé » du grenier au rez, chacun peut voir l’arrivée des beaux jours avec sérénité et se réjouir de remonter à Orgevaux pour ses célébrations, les rencontres familiales ou les retraites ascétiques à méditer devant le panorama zen du Léman.

Bon été à chacun.