D’un point de vue purement géographique :

Sur la route du barrage de Tseuzier, chausser les skis aux Rousses 1767m d’altitude. Remonter sous le câble des installations de remontées jusqu’à un vaste replat à 1935m. De là, NW, en laissant à sa gauche la crête de la Pointe d’Herémence rejoindre la Combe des Andins. Remonter cette combe jusqu’au petit col,à 2520m. Se diriger vers le NNW, descendre au fond d’une cuvette à 2464m, puis à droite direction NE, sous la face de la dorsale et chercher son point bas pour la franchir. Rejoindre le point culminant à 2560m, puis plein N, en laissant la butte 2574m à main gauche, jusqu’à atteindre la cuvette au pied de la cabane. Contourner par le N le mamelon de son assise.

Pour la montée au Wildhorn, NW jusqu’au début de la face S du Mont Pucel à 2700m. Obliquer ensuite NE jusqu’au pied d’un couloir qui descend du glacier. Remonter ce couloir jusqu’au glacier. De là, se diriger au NNW pour atteindre la pente sommitale et suivre direction W jusqu’au sommet.

Descente par le même itinéraire.

Du point de vue de l’humain :

Pour éviter un inutile détour par Anzère et trouver le départ des installations de remontées mécaniques des Rousses une attentive lecture de la carte est nécessaire. Totalement isolées du reste des installations, Les Rousses se rejoignent par la route du barrage de Tzeuzier, très en dessous de la station valaisanne. Qu’on se le dise !

De là, on chausse dans la bonne humeur et on monte, sous le câble, sous le soleil et sous les mélèzes, jusqu’à atteindre un vaste replat déboisé qui s’étale sur notre droite et constitue un premier palier, un doux relâchement pour le cœur et les jambes. On contourne la crête abrupte de la Pointe d’Hérémence et découvre alors la Combe des Andins, une combe interminable, qui nous force à lever les yeux jusqu’au ciel pour essayer d’en deviner la fin 500m plus haut. Lissée par les vents, la neige dure et fine n’offre que peu d’adhérence à nos peaux, nous forçant à un appui constant et marqué sur les bâtons. Couteaux or not couteaux ; this is the existential question à laquelle, nous ne répondrons que trop tardivement par l’affirmative. Pfff … Le descriptif fait ça en sept mots et la moitié de secondes «  Remonter cette combe jusqu’au petit col» !

Du col, en quelques secondes de glisse, on atteint le fond d’une cuvette, fermée par une imposante face de neige, arquée en dorsale, lisse et raide, haute comme cinq cathédrales. La face est ourlée d’une belle corniche. La carte propose deux routes qui contournent l’obstacle, l’une par la droite, semble s’enfiler dans une nouvelle combe raide et sinueuse, qui disparaît derrière. L’autre sur la droite longe la paroi sur un large espace plat, jusqu’à un abaissement, à un endroit où la pente est aussi moins marquée, permettant d’approcher à skis jusqu’à quelques mètres de la crête. Le franchissement se fait alors à pied, le piolet solidement ancré dans la neige profonde et dense. De là, on rejoint le point culminant de la dorsale, puis plein Nord dans un dédale de creux et de bosses, jusqu’à distinguer la cabane, que l’on atteint par un dernier détour.

Ensuite, saucisson, fromage et Petite Arvine. Comment le dire autrement ?

Au petit matin, Jean Rosset s’en est allé. La porte s’ouvre alors sur trente centimètres de neige autant fraîche que plumeuse, que le ciel alimente encore. La visibilité est inférieure à la distance qui relie la porte des couchettes à l’étage. Prudence et pragmatisme nous garderont confortablement à table; pour mettre le nez dehors il faut des calories.

Le chemin du retour n’est que le récit précédent, en verlan, en activant les options Fifty shades of grey, Des creux et des bosses, et Technique braille. Tout doucement on progresse, alors que peu à peu la visibilité s’étend, amenant un peu de contraste. Bien sûr, le blanc sur blanc reste blanc ; mais sur un ciel gris clair ou un rocher gris-pâle, on comprend le décor et retrouve nos marques. Puis, le col retrouvé, le haut de la combe atteint, alors tout n’est plus que douces glissades, déhanchements harmonieux dans le coton plumeux.

Juste super sympa.

Michel

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